Dans le cadre du développement des solutions proposées à ses membres, French Healthcare Association s’allie à l’Institut National de la e-Santé (INeS) afin de mettre à disposition à ses adhérents des outils permettant de guider les porteurs d’innovation dans leur stratégie de développement internationale.
French Healthcare Association et l’Institut National de e-Santé (INeS) ont élaboré conjointement une
feuille de route de coopération afin d’adapter la solution aux besoins de ses adhérents
Pour en savoir plus sur l’INeS et notre partenariat, découvrez l’interview accordée par le Pr Fabrice DENIS, qui, entouré de 22 acteurs des secteurs de la santé et de e-santé, a fondé l’Institut National de la e-Santé en mai 2022 afin de promouvoir la connaissance et le développement de l’écosystème de la e-santé :
Professeur DENIS, pouvez-vous nous présenter votre parcours et vos activités ?
Je suis Fabrice DENIS, médecin oncologue-radiothérapeute libéral au Centre de Cancérologie de la Sarthe et Président de l’Institut National de la e-Santé (INeS).
Je suis aussi Professeur associé de e-santé à la faculté de santé de l’Université de Paris-Cité et conseiller e-santé pour les autorités françaises (Ministère de la Santé, Institut National du Cancer, Agence Nationale de Sécurité du Médicament, Haute Autorité de Santé…) et internationales (Canada, Luxembourg, Union Européenne).
J’ai aussi une activité de mentor et membre de jury pour la Banque Publique d’Investissement (BPI).
J’ai conduit des travaux sur la télésurveillance des patients par solutions numériques appelées ePROMS et suis co-auteur des 1ères recommandations internationales en e-santé sur la télésurveillance en oncologie publiées en 2022 sous l’égide de la société européenne d’oncologie médicale (ESMO).
J’ai conçu plusieurs applications dont la 1è application e-santé remboursée (Moovcare) pour la télésurveillance de patients avec un cancer, maladiecoronavirus.fr, site d’orientation de patients avec 15 millions d’utilisateurs en 2020 et plus récemment Malo, application de suivi mère-enfant en 2022 (70 000 familles utilisatrices) et de détection précoce de troubles du développement de l’enfant.
Je suis directeur médical et co-fondateur du Digital Medical Hub de l’AP-HP en 2021.
J’ai coordonné la conception du score MDS d’évaluation de qualité et niveau de preuve clinique d’applications e-santé et suis membre du board de l’European Taskforce for Harmonised Evaluation of Digital Medical Devices in Europe Union.
Pouvez-vous présenter L’Institut National de e-Santé (INeS) ?
l’INeS est un institut citoyen dédié à l’enseignement au développement de la e-santé et à l’aide à l’évaluation de solutions. L’INeS est aussi composé d’un think-tank composé d’acteurs spécialistes impliqués dans les secteurs de la e-santé.
Notre mission est de promouvoir la connaissance et le développement de l’écosystème de la santé numérique pour la mise à disposition des patients de solutions numériques performantes et efficaces.
Nous mettons à disposition de nos membres une plateforme d’enseignements diplômants en e-santé avec l’accès à des Diplômes Universitaires, des Certificats du Conservatoire National Des Arts et Métiers (CNAM), et des Certificats (Executive/Executive Masters) de l’INeS avec l’Université de Bourgogne. Ces enseignements distanciels asynchrones sont dispensés par plus de 50 enseignants.
Ils sont proposés aux étudiants en santé, élèves ingénieurs, aux universités et écoles intéressées (l’INeS ne faisant pas de formation initiale), aux professionnels de santé/paramédicaux, ingénieurs, juristes, patients et professionnels désireux de se former ou compléter une formation en e-santé.
L’INeS propose un accompagnement complet aux organisations souhaitant faire profiter les patients de solutions de santé numérique :
Une évaluation de la qualité technique et du niveau de preuve clinique par un score simplifié validé: le score MDS.
Une labellisation de solutions numériques cliniques par son board de 20 experts composés de médecins, d’académiques, d’institutionnels, de représentant de patients et d’industriels afin de favoriser l’accès au marché, le remboursement, le déploiement et l’information des établissements et prescripteurs.
Enfin les autorités comme les éditeurs de solutions ont besoin d’expertise médicale, méthodologique, juridique et éthique autour de la e-santé, c’est pour cette raison que nous avons aussi créé le think-tank de l’INeS.
Pouvez-vous nous dire plus sur le score MDS ?
L’évaluation d’une solution numérique clinique est longue et difficile car elle nécessite de solides connaissances dans des domaines aussi variés que la méthodologie d’étude clinique, la technologie embarquée, la pertinence clinique etc. Ces difficultés amènent encore trop souvent à négliger des solutions de haute qualité et favoriser des solutions non matures.
Nous avons conçu, avec 130 éditeurs de solutions en e-santé, établissements de santé, médecins, autorités de santé et associations de patients le score MDS (Medical Digital Solution Score) qui est un outil permettant une pré-évaluation simplifiée de la qualité clinique et de la pertinence des solutions numériques en santé à visée clinique (hors bien être) avec un score permettant d’évaluer en 26 questions :
- le domaine clinique et la revendication de l’application à visée clinique (note /500)
- la cible de la solution (note /500)
- l’évaluation clinique de la solution (note /500)
- l’éditeur (note /500)
- la probabilité de remboursement
Soit une note globale /2000
Ce score a été évalué dans le cadre d’une expérimentation et publié en 2022 dans la revue médicale internationale JMIR (Journal of Medical Internet Research) dont les résultats sont ici.
Des lettres de (A à E) sont affichées avec des couleurs pour faciliter la lecture et la position de la solution évaluée par rapport à toutes les solutions évaluées dans l’étude :
Ce score permet :
– d’orienter les concepteurs de solution vers les meilleurs choix R&D
– d’aider au choix et à la comparaison des solutions avec des critères reproductibles pertinents et évolutifs
– d’aider les prescripteurs et structures de santé à évaluer les solutions avant de les déployer
– d’avoir des critères communs d’évaluation
– aux experts de l’Institut National de la e-Santé de sélectionner des solutions afin d’obtenir des distinctions de solutions digitales en santé.
Deux versions sont disponibles :
- La version française qui permet une évaluation ciblée sur le territoire français en prenant en compte les caractéristiques et législations nationales,
- La version internationale, qui est plus large et permet l’évaluation sur les autres pays avec des critères d’évaluations moins spécifiques que pour le score français.
Pourquoi avoir créé l’INeS maintenant ?
C’est le fruit d’une observation simple : le marché de la santé numérique est en plein essor et très fragile car les acteurs sont confrontés à de nombreuses difficultés :
Un enseignement de la e-santé insuffisant pour les étudiants en santé/personnels de santé/ingénieurs : si les professionnels de santé ne sont pas formés à la e-santé, ils ne prescriront pas de solutions… Or il n’y a pas d’enseignants en e-santé dans la grande majorité des facultés de médecine.
Les structures d’accompagnement des projets de l’idée au marché sont insuffisamment nombreuses. On doit pouvoir développer des solutions pertinentes cliniquement et fiables en 2 ans et non en 8 à 10 ans comme autrefois.
Une absence de labels de qualité et de niveau de preuve clinique pour soutenir les bonnes solutions et éclairer les prescripteurs potentiels de ces outils et les patients : comment choisir une solution parmi les 400 000 disponibles ?
Il faut accélérer très vite les choses car d’excellentes solutions ne se retrouvent pas dans les mains de patients car l’accès au marché est difficile, faute de maitrise des professionnels dans ce domaine, d’accès à une prise en charge et d’incitation à les déployer malgré des niveaux de preuve parfois élevés voire des recommandations internationales. Le risque est aussi la fuite des éditeurs dans d’autres pays plus accessibles.
Selon vous, quel est aujourd’hui le rôle de la France dans le domaine de la eSanté sur la scène internationale ?
La France peut devenir un leader car elle a l’essentiel : les talents et leur créativité. Mais elle doit soutenir ses jeunes pousses et surtout faciliter l’accès au marché notamment via le remboursement simplifié de solutions pertinentes.
Elle doit aussi faciliter l’amorçage car si on prend l’exemple d’un jeune médecin qui a l’idée d’une solution, il va passer 10 mois sur 12 à lever son premier million d’euros pour faire un prototype et sa première étude clinique… C’est trop difficile et trop long ! Je vois passer trop de bonnes idées qui s’arrêtent précocement.
Ne nous y trompons pas, les autres pays sont en train de nous rattraper et de nous dépasser, notamment les pays du Nord et de l’Est de l’Europe. Nous devons soutenir nos acteurs pour le financement initial, leur faciliter le déploiement et le modèle économique en France.
Comme la plupart des solutions ont des transpositions possibles à l’international, leur potentiel est énorme. Or, pour l’instant, un acteur lèvera beaucoup plus facilement s’il souhaite partir de France… quel paradoxe !
L’INeS au travers de son think-tank souhaite contribuer à rendre stratégique la santé numérique en France comme c’est le cas ailleurs et notamment aux USA en informant nos politiques et autorités. Et il y a urgence car des jeunes pousses brulent leur cash sans visibilité sur un business model… elles font parfois des levées… mais pas de chiffre d’affaire !
Pourquoi ce partenariat avec French Healthcare Association ?
Il y a une volonté de participer à une démarche collective, pour former tous ensemble l’équipe de France en santé ; porter collectivement l’excellence santé française car après avoir eu le meilleur système de soins du monde, on peut tout à fait avoir le meilleur système de soins numérique !
Ce partenariat doit favoriser la diffusion de l’excellence française en e-santé à l’international parce que le rayonnement de l’expertise e-santé dépasse nos frontières en permettant d’être mieux formés, plus attentifs aux mouvements qui s’opèrent et même pro-actifs sur les évolutions à venir en matière de santé numérique (vieillissement, épidémies à venir, métavers, prévention personnalisée, SIH 2.0…).
French Healthcare Association et l’Institut National de e-Santé (INeS) ont élaboré conjointement une feuille de route de coopération afin d’adapter la solution aux besoins de ses adhérents.
Pour plus d’informations, nous vous invitons à contacter :
Johanna Lerfel – Déléguée Générale
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