Retour sur les présentations de 5 marchés de la santé tenues lors du French Healthcare Innovation & Business Forum de 2023

À l’occasion du French Healthcare Innovation & Business Forum 2023, cinq délégations étrangères ont eu l’opportunité de prendre la parole sur la scène de l’amphithéâtre de la Maison de la Chimie pour exposer les enjeux et les opportunités offertes par leurs marchés de la santé respectifs.  

Présentation du marché de la santé en Arabie Saoudite

Le Dr. Adil Monshi, Directeur de la Promotion des Investissements, a présenté aux participants la transition d’envergure que connaît l’Arabie Saoudite, et l’ambition du royaume de devenir “un pionnier de l’innovation et un modèle de succès mondial, sur tous les fronts” (citation du Roi Salmane Ben Abdulaziz Al-Saoud).  

Le système de santé saoudien est un pilier central de cette volonté, et la transformation du modèle hospitalier, la clef de voûte de cette stratégie. Ainsi, d’un modèle basé sur les hôpitaux, le pays entend transformer son système de santé en vertu d’un modèle focalisé sur le patient et sur la prévention sanitaire, par opposition aux seuls traitements. Ce changement de cap est possible, entre autres, grâce au déploiement de Programmes d’Accompagnement Patients et par la numérisation des données. 

« Notre ambition : devenir un pionnier de l’innovation et un modèle de succès mondial, sur tous les fronts »

Le Roi Salmane Ben Abdulaziz Al-Saoud

La conférence nous a sensibilisés à la question du financement de cette vaste réforme qui, selon les projections, sera permis par un partenariat entre les secteurs public et privé. Un tel partenariat promet de grandes opportunités d’investissement pour le secteur privé, puisque la part de financement du secteur privé devrait passer de 25 à 35% des investissements, d’ici 2030, permettant ainsi une meilleure stabilité financière du système. Le Prince Héritier et Premier Ministre Mohammed Ben Salmane avance le commencement d’une “nouvelle ère, plus puissante en termes de coopération et de partenariats entre les secteurs public et privé”. Cette prospérité visera à améliorer l’accès aux services de santé, la qualité des soins, l’efficacité du recours au système de santé, et garantir la soutenabilité financière du système. 

« Une nouvelle ère, plus puissante en termes de coopération et de partenariats entre les secteurs public et privé »

Prince Héritier Mohammed Ben Salmane

Le docteur a fait remarquer que tous les types d’entreprises de la santé seront les bienvenues au sein de ce projet, dont la magnitude requiert différents types de connaissances techniques, technologiques, financières, légales, éducatives et infrastructurelles. Le pays abrite déjà plus de 120 projets classifiés, répartis entre 10 thèmes stratégiques différents. La conférence s’est achevée sur une présentation détaillée de l’analyse du marché saoudien, et sur un rappel essentiel : ces possibilités d’investissements pour les entreprises de la santé seront à découvrir plus amplement lors de l’édition 2023 du Global Health Exhibition à Riyad, du 29 au 31 octobre.

Présentation du marché de la santé en Egypte

Au cours de cette décennie, l’Egypte a vu sa population et sa croissance économique augmenter de façon extrêmement significative. Malgré cette progression, elle doit néanmoins faire face aux défis posés par le vieillissement de la population. La demande de soins a grimpé en conséquence, appuyée par des initiatives présidentielles visant à générer des prises de consciences autour de problématiques sanitaires importantes. Qui plus est, plus de 9 millions de réfugiés accueillis par le pays doivent aussi bénéficier d’une prise en charge qualitative.  

Ce contexte a donné lieu à plusieurs réformes profondes du système de santé, depuis 2018, dont l’intérêt stratégique principal est la mise en place d’une approche basée sur la prévention. Les patients doivent pouvoir accéder à des bilans réguliers, et les médecins à un système de numérisation des données de leurs patientèles. Le gouvernement souhaite que chaque citoyen soit couvert par la sécurité sociale, que des systèmes d’archivage des antécédents médicaux familiaux soient créés, et que les batteries d’examens médicaux proposés deviennent de plus en plus complètes. Plusieurs solutions financières sont apportées pour ce faire, dont un prêt de 150 millions d’euros déjà approuvé par l’AFD. 

Chaque année, les investissements augmentent (d’entre 7 et 16%), mais le gouvernement prévoit d’intensifier cette augmentation, afin d’accélérer le rythme de développement de projets de santé en tous genres. L’objectif est double : permettre un accès aux soins amélioré et plus efficace, mais aussi prévenir d’éventuelles crises impactant ce système de santé. Si l’Egypte est déjà en mesure de fournir du personnel médical hautement qualifié à ses citoyens, il faut aussi envisager le déploiement de programmes de formation ambitieux, afin d’augmenter le nombre de praticiens pour accompagner le développement de ces nombreux projets de santé.  

Les décisionnaires égyptiens ont aussi dans leur viseur la réduction du gaspillage de dispositifs médicaux (64 000 tonnes chaque année), et le traitement de ces déchets, afin d’éviter toute menace biologique pour les populations locales.  

Présentation du marché de la santé en Ouzbékistan

Actuellement, l’Ouzbékistan réforme aussi son système de santé en profondeur. Une réforme rendue possible par de nombreux investissements, qui implique deux débouchés : la protection de ses citoyens et la transformation du pays en véritable pôle de santé pour ses voisins géographiques. L’Ouzbékistan doit faire face à certains défis dans cette progression, logistiques et géographiques, conditionnés par l’immensité du territoire, plein de zones éloignées, difficiles d’accès. Ainsi, de larges dépenses en infrastructures et dans des unités mobiles spécialisées sont nécessaires, afin d’étendre la couverture médicale du territoire pour les soins de première nécessité.  

Le contexte politique et économique stable du pays est favorable à l’investissement des étrangers sur ce type de projets majeurs, contexte renforcé par une très forte croissance démographique (de 900 000 habitants supplémentaires, chaque année, depuis 2021). Ces investissements peuvent se faire en toute sécurité puisqu’ils sont protégés par plusieurs garanties étatiques, lesquelles ont déjà permis aux investissements de quintupler sur les sept dernières années, dépassant les 5 milliards de dollars. Le gouvernement a multiplié les initiatives pour collaborer avec le secteur privé, celui-ci assurant par ailleurs désormais 30% des soins de santé dans tout le pays. 

Enfin, la délégation ouzbèke a voulu rappeler la position de choix que représente l’Ouzbekistan pour les investisseurs, du fait de sa position géographique privilégiée, au cœur de l’Asie centrale, et de son contexte politique et économique stable.  

Du reste, un effort tout particulier a été fourni dans le secteur de l’éducation, alors que le pays se spécialise un peu plus encore dans les greffes de foie et de reins. On compte actuellement 100 000 étudiants en médecine, dont 20 000 d’origine étrangère, démontrant la volonté nationale de devenir une véritable centrale régionale pour la santé. Le secteur se privatise graduellement, permettant à l’Etat de retrouver un équilibre économique assaini. 

Présentation du marché de la santé au Kazakhstan

L’économie kazakhe, la plus importante d’Asie Centrale, démontre une croissance exacerbée. En même temps, sa population vieillit, et son espérance de vie augmente extrêmement rapidement : les citoyens attendent donc davantage de soutien dans l’accès aux soins. Une situation particulièrement vérifiable pour les habitants de régions plus reculées, ce qui est monnaie courante dans le pays du fait de ses caractéristiques géographiques. En réponse à cette situation, le gouvernement a exprimé sa volonté d’augmenter les dépenses en santé, prévoyant qu’elles représenteront 5% du PIB d’ici 2027. La couverture de la population a déjà doublé au cours des trois dernières années, et les efforts politiques portent déjà leurs fruits puisque la mortalité chute sur l’ensemble du territoire. Autre donnée importante : le volume des investissements dans l’industrie pharmaceutique a augmenté de 600% entre 2013 et 2020 ! 

Si le pays se focalise avant tout sur les soins de première nécessité, de plus en plus de regards se tournent vers les pathologies non-transmissibles, en raison des risques accrus de cancer et de diabète de type 2 qui touchent la population kazakhe. La stratégie d’ensemble a déjà changé, s’orientant vers plus de campagnes de dépistages malgré les coûts engendrés.  

Grâce à son développement, le Kazakhstan investit dans la recherche et le développement et promeut l’étendue des connaissances de ses personnels dans de nombreux domaines, sur 80 établissements. Une attention particulière a été portée sur la chirurgie cardiaque, la neurochirurgie (il est par exemple la référence majeure en radiochirurgie par Gamma Knife dans l’Asie centrale), et les greffes d’organes. Le pays entend coopérer avec plusieurs universités étrangères de prestige, et bénéficier de leurs transferts de compétences pour faire reconnaître ses spécialistes au sein de la communauté professionnelle internationale.  Quant aux entreprises françaises, l’Institut Curie, Sanofi, C3 Medical et la Fondation Hopale ont déjà ancré leur présence sur ce marché et aidé au déploiement de nombreux projets de santé.  

Présentation du marché de la santé en Ukraine

Pour des raisons évidentes, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a imposé un changement de cap dans la stratégie médicale du Ministère de la Santé ukrainien pour les années à venir. Le système de santé, véritable cible de guerre, a déjà été lourdement impacté par le conflit, avec 1400 établissements médicaux endommagés, dont 190 de façon irreversible, et plus de 600 pharmacies abîmées voire détruites. Ces dégâts représentent un certain nombre d’opportunités pour les entreprises d’infrastructures médicales et les assembleurs médicaux.  

D’après la Banque Mondiale, il faudra dépenser 16.4 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour ramener le système de soins ukrainien à son état d’avant-guerre. A l’heure actuelle, le gouvernement envisage le déploiement d’une structure de partenariat financier mêlant conjointement les secteurs public et privé, et estime la valeur à venir du marché à plus de 10 milliard de dollars, via la création de 200 cliniques, 280 hôpitaux généralistes et 100 pôles hospitaliers.  

L’industrie pharmaceutique constitue un autre marché en expansion, dont la valeur est estimée entre 2.5 et 3 milliards de dollars. Cette branche nécessite des investissements lourds pour réparer les dégâts engendrés par la guerre. Le personnel ukrainien est hautement qualifié, et le pays revendique un système d’éducation très influent dans la région, grâce au secteur technologique privé (représentant chaque année 1.2 milliard de dollars) qui permet une recherche très ambitieuse. En dépit des dégâts, les marchés de la santé ukrainiens sont dynamiques, et le pays dispose de nombreuses ressources et d’une large main d’œuvre pour attirer des investissements fructueux.