Pierre Bellagambi, PDG de QISTA, pionnier des bornes anti-moustique écologiques, répond à nos questions à l’occasion d’un nouveau partenariat aux Îles Baléares (Espagne)

QISTA, le spécialiste provençal de la lutte non-nocive contre le moustique à l’international, exporte ses bornes anti moustique aux îles Baléares, archipel touristique, grâce à une collaboration inédite avec la société espagnole Mosquizen. Lhostel de la Pandilla est désormais équipé de 8 bornes antimoustique écologiques.

La colonisation du moustique-tigre en Europe touche particulièrement l’archipel des Baléares, du fait de la stagnation des eaux en présence de forte activité humaine, et du climat méditerranéen qui se réchauffe par ailleurs. L’intégralité de ces îles est donc confrontée à des défis sanitaires importants, liés aux maladies vectorielles que les moustiques transmettent.

Adhérente à French Healthcare Association QISTA a annoncé un nouveau partenariat avec l’entreprise Mosquizen, pour endiguer la propagation des maladies tropicales portées par les moustiques sur les îles Baléares. La start-up était déjà implantée en Espagne, et poursuit ainsi son développement dans la région pour y mettre en œuvre la démoustication non-nocive.

M. Pierre Bellagambi, PDG et fondateur de QISTA, a répondu à plusieurs questions sur sa technologie innovante et sur ce partenariat. Cet entretien vise à mieux saisir les enjeux de la « démoustication propre » en termes de prévention des épidémies, et à recueillir les ambitions internationales de l’entreprise.

Entretien avec M. Pierre Bellagambi, PDG de QISTA

QISTA est devenu un pionnier de la lutte contre les maladies vectorielles grâce à ses « bornes anti-moustique » : comment expliquez-vous ce succès ?

M. Bellagambi : Les pièges antimoustiques en tout genre ont toujours existé, mais nous avons en effet été les premiers à déposer des brevets pour ce type d’innovation. Nos bornes simulent des proies, grâce à des techniques perfectionnées de biomimétisme, pour attirer les femelles moustiques dans ces pièges, sans avoir recours aux insecticides.

Certaines zones, présentant notamment une activité touristique importante, brassent des populations venues du monde entier, y compris de pays dans lesquels les maladies dangereuses transmises par les moustiques prolifèrent. Le risque de cycle épidémique augmente alors, puisque les moustiques vont faire des victimes autochtones, qui pourront contracter des maladies tropicales sans même avoir voyagé dans des pays à risque. Ainsi, notre borne est une véritable révolution technologique, tant par son efficacité que par sa capacité de préservation des écosystèmes locaux et de la santé des populations.

Les moustiques sont vecteurs de maladies à l’origine d’épidémies comme la dengue, le chikungunya ou le virus zika… Quels résultats sur l’incidence de ces maladies observez-vous, là où des bornes écologiques ont été installées?  

M. Bellagambi : Nous avons fait réaliser plusieurs suivis scientifiques, de la Côte d’Ivoire jusqu’à la Camargue française, révélant à chaque fois une baisse du nombre d’anophèles détectés dans les lieux pourvus de bornes. En Camargue, ces suivis ont montré un impact significatif de l’installation de nos bornes sur l’incidence des piqûres, mais ils ont aussi prouvé l’absence de danger de ces machines pour la faune locale, et donc notre capacité à protéger les environnements des insecticides et pesticides. L’impact des bornes contre les piqures a aussi été démontrée au Sud du Sénégal, à Kaolack, où nous avons installé une centaine de machines autour des postes de santé, des hôpitaux, des mosquées et cathédrales… L’objectif est toujours de protéger des espaces où cohabitent humains et moustiques avec d’importants risques épidémiques associés. Nous sommes par exemple présents sur l’île de la Réunion, où, comme vous le soulignez, la dengue est en recrudescence. Cette maladie peut s’avérer très invalidante. Nous atteignons de bons résultats, allant jusqu’à une baisse de 88% des piqûres dans certains endroits.

Nous aimerions monter un nouveau projet de suivi, plus détaillé sur l’incidence des maladies, en collaboration avec un ministère de santé africain. Mais ces types d’études sont extrêmement complexes à mettre en oeuvre : déjà, pour évaluer l’impact précis d’une machine sur une zone donnée, il faudrait idéalement connaître tous les déplacements des personnes présentes, leur localisation au moment d’une piqûre… et surtout, il nous faudrait réaliser des tests de la goutte épaisse plusieurs fois par jour, et donc remporter l’adhésion de la population face à une médicalisation de leur quotidien. Pour le moment, nous travaillons principalement à partir de relevés d’espèces à risque que nos machines génèrent, qui confirment déjà nos bons résultats partout dans le monde.

Quels sont les nouveaux pays dans lesquels vous développez vos activités, et vos objectifs de développement international à venir ?  

M. Bellagambi : Notre part de chiffre d’affaires réalisé à l’export évolue rapidement, avec une moyenne de 20% sur les trois dernières années. Nous estimons que cette part va largement augmenter dans les prochaines années, au gré des marchés remportés. Nous progressons actuellement sur plusieurs marchés occidentaux, pour protéger les citoyens dans les grandes villes développées, mais aussi sur d’autres régions naturellement plus touchées par les maladies transmises par les moustiques. En tout, nous sommes présents dans 36 pays. Plus concrètement, sur le très court-terme, nous nous développons en Angola, aux Émirats-Arabes-Unis, au Cameroun, au Bénin et en Espagne, notamment avec notre nouveau partenariat sur les Îles Baléares.

Nous n’avons pas le même type de présence d’un pays à l’autre. En Angola ou dans les Îles Baléares, nos distributeurs vont contribuer au développement économique du territoire, sur place. Mais dans certains pays très touchés, nous avons pu déployer des dizaines de machines dans des cadres professionnels, par exemple pour la protection des salariés de mines d’or. Ces installations répondent à des besoins bien réels, sanitaires, écologiques mais aussi économiques. Les salariés de ces mines, par exemple, sont éloignés des centres urbains depuis leurs bases-vie, et sont donc davantage exposés aux maladies, mais aussi à l’inconfort causé par les nombreux moustiques. Sur ces pays, dans lesquels nous sommes très actifs, l’impact économique de nos bornes est d’autant plus perceptible : elles permettent de pallier les surcoûts de la formation, du turn-over et de la compensation de l’absentéisme liés à la maladie, et ce d’autant plus qu’une crise de paludisme dure parfois plus de dix jours ! Les effets de cette maladie sont tels que des amputations sont parfois nécessaires ! C’est une menace à ne surtout pas sous-estimer, surtout à l’approche des Jeux Olympiques, qui favoriseront le brassage d’une population venue du monde entier.

En quoi consiste ce partenariat avec Mosquizen aux îles Baléares, et qui sont-ils ? Pourquoi les avoir choisis pour distribuer vos bornes anti-moustique ?

M. Bellagambi : Cette société locale est dirigée par un duo de personnes très complémentaires, dont la vision nous a séduits. L’une dispose d’une main d’oeuvre locale et d’un savoir-faire technique poussé, se déplaçant régulièrement chez des particuliers ou des collectivités pour réaliser des opérations électrotechniques. Cette expertise technique est utile pour QISTA, puisque nous vendons avant tout des machines. L’autre cofondateur a une compréhension profonde de l’intérêt de nos produits et des enjeux locaux auxquels leur utilisation répond. Il a ainsi mobilisé de nombreuses ressources pour communiquer sur les bienfaits de nos bornes, auprès d’un large réseau. Au-delà des compétences techniques, QISTA et Mosquizen partagent les mêmes valeurs ; tant sur le plan environnemental que sur le plan humain. Des ambitions communes et un même objectif : un parfait partenariat !